samedi 14 janvier 2012

Autre procédé de montage, " le Cloué ".

bonjour,

C'est toujours avec beaucoup de scrupules et de réticences que j'emploie pour ce mode d'assemblage du cuir, l' appellation,  procédé de montage.
Il me semble peut être mieux approprié d'employer la définition
( procédé de bricolage )
Je ne mets jamais de pointes, de protecteur, dans mes souliers, dans celles de mes clients, seulement par demandes ( protecteurs ) obligations ( consolidations, sauvetages, etc... )
Par amusement je l'appelle clousu, un de mes néologismes, avec élastomerde, goodblak.
Avec cette nouvelle catégorie de clients bien particulière en recrudescence, les casse clouilles ( ceux qui cassent les clous ).

Il est avec d'autres assemblages, la couture, le rivetage, le collage, le chevillé bois, un des assemblages du cuir;
A noter que le chevillé bois ( un peu comparable ) au cloué, n'a pas ce jugement péjoratif. Il est d'ailleurs apprécié par les amateurs qui le connaissent peu, sa réalisation, sa grande rareté aujourd 'hui, simplement réalisé en cambrure pour des chaussures de ville du plus joli effet pour leur plus grande joie. En cambrure aussi en fabrication de certaines  bottes camargaises.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2011/02/autre-procede-de-montage-le-cheville.html

Seul l'ancien procédé de montage chapelet ou cousu mixte, présente des semences / en artisanat, des agrafes / en industrie, pour la tenue de la trépointe ( chapelet ) qui se marient avec la couture du petit point.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/10/autre-montage-le-chapelet-ou-cousu.html

L'artisan face aux procédés traditionnels de montage, qui présentent une premières de montage et une trépointe, goodyear, norvégien, sandalette, etc...coud en petit point la semelle d'usure.
http://tictac-cordonnier.blogspot.fr/2012/09/appellation-des-procedes-de-montage.html

D'autres montages, sans trépointe, sans première de montage, mocassin, cousu retourné, california, etc... coud, fait une couture dehors en dedans.
Pour ceux qui présentent une première de montage, sans trépointe, il colle. Des semences ne peuvent se river que sur un cuir épais, ferme,flanc, collet battus,  croupon, etc...jamais sur une peausserie.

L' artisanat comme certaines productions industrielles produisaient cependant des chaussures clouées.
De nos jours, le professionnel utilise le cloué qu'en phase ultime, en sauvetage, en dernier recours, particulièrement pour la trépointe.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/09/norvegien-naufrage-et-sauvage.html

 Je sais, il est possible de changer la trépointe en totalité ou en partie.
J'entends et lis des amateurs, je vois des reportages, des vidéos ou lors d' un remontage, la trépointe est systématiquement changée. Si cela représente un savoir faire, des connaissance et une prouesse technique, cela est nullement représentatif de la vie de nos atelier.
Il faut trouver un ouvrier capable de faire un passage en trépointe, que cela en vaille la peine dans tous les sens du terme d'effectuer changement et réparation.
C'est un peu comme si lord d'une révision importante, le mécanicien changeait systématiquement, embiellage ou pistons !
Je l'ai déjà dit, toutes les réparations qui demandent la couture du petit point, agressent, tirent, martyrisent, la couture de trépointe, qui lors du passage en machine à coudre, sans précautions particulières souffre.
Ne confondons pas goodyear couture d' industriesensible au temps et aux agressions et passage en trépointe couture d'artisanat faite à la main , nouée au ligneul avec soies, véritable soudure qui résiste à tout.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/11/comment-faire-un-ligneul.html


                                                           

C'est la  raison première pour  laquelle je préconise toujours la protection pour les chaussures du PAP qui permet une vie sans ressemelage à nos souliers.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/08/patins-elysee-dit-topy.html
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/10/le-patins-topy-top-sem-dit-patin-crepe.html

Clouage encore par l' artisan pour la meilleure tenue de la queue de semelle en cambrure, de chaque côté, de différentes manières, formes, d'inégalités, en signature et reconnaissance de son travail.
L'oubli nécessaire du milieu, le passage du cambrion, en acier ou les semences se retournent sur lui, en bois plus large, permettant deux ou trois pointes qui le fêlent et l' abîment irrémédiablement.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/08/le-cambrion-et-la-rapide-cambrure.html

L'amateur par facilité allait vers le cloué, finalement employé en remplacement des colles au moment ou elles n'existaient pas du moins avec les grandes qualités de celles modernes, principalement la néoprene.
Si simple que ce soit, il faut quand même savoir le faire et respecter quelques règles , disposer de quelques outils.
N'oublions pas que dans le début des années 1900, tous chefs de famille était un peu cordonnier à ses heures pour toute sa tribu.
Les fascicules de certaines collections,  le livre jaune, ( le cordonnier ), Rustica, ( Soyez votre cordonnier ), etc...décrivaient de long en large, comment réparer ses souliers.

Il existe deux manières de clouer, à la semence entière de la bonne longueur, ( longueur égale à l'épaisseur à traverser )  à tête coupée coupée à la bonne dimension.


                                                         
 Le professionnel ne trouvera aucun problème, alors que l'amateur rencontrera des difficultés.
Selon les corps de métiers, tapissiers, menuisiers, etc...  ces artisans utilisent des pointes, des clous parfois les mêmes, mais souvent spécifiques.
Le cordonnier dispose de tout un arsenal de ces pointes, un sujet va paraître sur le blog
" avant les protecteurs, les caboches " autres pointes particulières à la disposition du cordonnier avec les semences, spécifiques pour le clouage des semelles.
Les semences sont disposées dans un tourniquet, ( sébille ) choisies, en principe pour ce genre d travail de 10 à 14 mm de longueur en usage courant, bien qu'elles existent jusqu' à 26 mm pour des travaux particuliers, par le cordonnier qui à l'époque les mettaient dans sa bouche.




Dans l'atelier moderne et performant du cordonnier existe  toujours ce cloué, mécanique, qui reprend la façon à tête coupée, avec l'auto soler, sa bigorne amovible. son fil torsadé sans tête reprend les mêmes caractéristique.


                                                                      
                                                       

A semence entière :
Il est difficile pour l'amateur de définir la bonne longueur de la semence dont la tête s'encastrera comme il faut dans la fleur du cuir, se rivera finement sur la première de montage sans se retourner sur celle ci, du plus mauvais effet esthétique, sans bonne tenue, sources de douleurs et de désagréments pour les pieds et les chaussettes.
Il pourra faire des essais avec des semences de plus en plus longues, mais le mieux c'est prendre la semence la plus longue, 26 mm, la clouer jusqu' à sentir son ( arrivée ) sur la première de montage, la retirer à la pince coupante de devant, se servir de la marque de préhension faite par la pince, la mesurer pour essayer de définir sa dimension la plus exacte.

A tête coupée :
On reprend le processus conseillé pour l'amateur, une longue semence, tapée jusqu' à son rivetage sur la première de montage, coupée puis martelée.
Pour cette réussite, l'artisan bouge, tourne, tord la chaussure pour définir l'exact, parfait sertissage de la pointe sur la première de montage en portée sur la bigorne.
Ce n'est pas toujours facile à faire même pour le professionnel. Lorsque je suis obligé de clouer je pratique toujours ainsi lorsque c'est bien évidemment possible. l'esthétique dans tous travaux  importante, est améliorée car presque invisible de cette façon.
Cette manière de faire se retrouve pour l'affichage des sous bout, à têtes coupées non arasées sur lesquels " " s'empalent " les sous bouts.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/08/emboitage-colle-cusu-collecloue.html

Quelques outils :
Une bigorne, col de cygne, pied de fer, enclume de famille, étau, etc...
Des semences, de toutes les longueurs.
Un marteau cloueur, d' emboitage, celui que l'artisan affectionne le plus pour sa légèreté qui restitue, donne les meilleures informations sensations, pour le rivetage de la semence.
j'utilise toujours le marteau, les ciseaux, les tranchets que mon maître d'apprentissage m'avait offert pour mes premières étrennes de l'année passée à l'atelier.


                                                               


Quelques règles :
Une paire de chaussures, avec des première de montage.
http://tictac-cordonnier.blogspot.fr/2013/04/la-premiere-de-montage.html

Brocher à 1,5 / 2 mm en dehors.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2011/05/brochage-finition-parfaits-en-dehors-en.html
Tracer / clouer, au stylo argent en périphérie, clouer à 6 / 7 mm du bord, tous les 10 / 30 mm peu près selon le genre de travail à effectuer, ressemelage, consolidation.
En oblique, pour que la tête à quelques millimètres du bord se rive sur la première de montage, en retrait par rapport au bord de la semelle. D'ou la nécessité de brocher plus large, cette manière de clouer oblique fait rentrer la matière de manière ( importante )
Perpendiculairement, la pointe de la semence, sort à l'extérieur, se rive sur la doublure, mais pas sur la première de montage.

Poutant ce procédé d' assemblage que je ( critique ) a quand même,
Ses avantages :
Sa rapidité d'exécution.
Sa facilité pour l'amateur.
Sa solidité.
Son imperméabilité.
Son serrage important.
Il permet l'assemblage de cuirs très épais.

Ses défauts :
Sa rigidité, son manque de souplesse qui à la marche peut provoquer des douleurs.
La faculté des métaux de s'oxyder, ses semences qui rouillent, altèrent, désagrègent tout autour, les cuirs, tiges, doublures, d'une manière irrémédiable.
D'ou la nécessité de mettre des vis en laiton pour la pose des fers encastrés.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/08/protecteurs-encastres-avantages.html

Son démontage, lors des réparations successives, les semences qui arrachent des morceaux de matière.
Sa difficulté, surtout pour l'amateur de faire un rivetage parfait sur la première de montage.

Il est quand même amusant de penser qu'à l'époque ou tous les artisans cordonniers savaient coudre, ils clouaient peu, maintenant que très peu savent coudre, ils clouent beaucoup malgré la performance de nos colles.
Je pense en avoir fait un tour relativement complet, comme toujours j'en ai oublié, qu'on veuille bien me pardonner.
Très amicalement,
Tictac le besogneux

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