vendredi 4 février 2011

Amilcar, refaire les sangles du capot.

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Bonjour,
Ce matin à l'atelier, les sangles d'une Amilcar à refaire. Ce nouveau client nous est envoyé par un sellier avec lequel nous travaillons en " partenariat " pour quelques menus travaux.
le travail facile ne mérite pas justement une parution sur le blog. Mais quelques raisons, dont une affectives me font sauter le pas.
En premier, nous acceptons tous les travaux qui nous sont demandés, en second, depuis toujours j'aime les motos et les voitures, en troisième un petit travail du cuir, mais un peu de nostalgie, un merveilleux retour en arrière.
Cette voiture a été la première de mon premier maître, non pas d'apprentissage, mais plus que cela, c'était un ami, je parle de lui dans ce message :
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/08/la-la-pre-decoupe-poste-important-dans.html

J'ai roulé dans cette voiture avec lui, même si c'est de l'histoire ancienne, c'était déjà à l'époque une ( voiture de collection ) très souvent mes pensées vont vers lui, particulièrement au cours de ces messages, c'est une manière de passer un peu de temps encore avec lui.




Ce sellier me donne l'occasion de travailler sur des autos, ma clientèle propre me fait ce plaisir aussi pour des voitures anciennes ou plus modernes.




Les dernières sangles que j'ai faites étaient pour une Bugatti, en plus du travail, j'avais fourni le cuir. Aujourd'hui, le client nous apporte sa propre marchandise. Aucune importance si ce n'est que ce cuir " Supportlo " est chargé d'huile, je travaille ce genre de cuir dans les sandalettes :
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2009/08/boujour-depuis-longtemps-sous-des.html

mais beaucoup moins gras que ce dernier. je vais m'en rendre compte rapidement, il va nous poser du fait de sa préparation en tannerie, des petits soucis tout au long du travail, Pour les découpes des sangles, le parage, et les coutures pour leurs régularités.
Ces travaux pour moi sont merveilleux et nous changent du quotidien. C'est une des raisons qui m'ont depuis toujours, fait diriger dans ces autres secteurs de fabrications, réparations ou transformations des cuir, dans la Maroquinerie, la sellerie, la bagagerie,
Ainsi on côtoie, des objets, des endroits et des personnages parfois hors du commun. S'adonnant à tout, on peut par exemple travailler en restauration dans plusieurs domaines, pour le cinéma , le théâtre, le spectacle, les sports mécaniques, l'escalade, le parachute, la glisse, la mer, l'extrême avec ses champions, leurs demandes particulières, et leurs exigences, leurs délais ( j'ai eu la joie et l'obligation de travailler la nuit pour les frères Sharon, la veille de leur dernière victoire au Bol d'or ) Ce monde des Champions est toujours, Humble, gentil, reconnaissant ( Quelques jours après leur victoire ou leur défaite, vous recevez une photo dédicacée, et quelques lignes de remerciements ).
A la fin de chaque message, je dit que notre meilleure récompense est toujours la satisfaction du client, dans ces exemples, cela prend toute sa signification.



Aujourd'hui nous faisons la connaissance d'un Monsieur passionné pour les voitures. je demande à aller sur place pour prendre les mesures exactes, nous y retournerons avec son accord le travail fini pour les cinq trous traditionnels de fermeture et de tension au bon endroit.

















Une vue des sangles, elles ne sont pas d'origines, mais celles trouvées par le propriétaire sur le véhicule. Elles sont pour moi positionnées à l'envers. La fermeture se fait au milieu des ouïes de ventilation du capot par la boucle posée sur la partie longue des sangles en remontant. Le retour de la bride est maintenue par des " passants " en métal. Toutes les fixations sont faites par des vis et des rivets métalliques.
Le propriétaire me demande trois choses, refaire les accessoires en cuir, mettre une protection en cuir sous la boucle à la fermeture pour la protection de la peinture, et que l'endroit de la fermeture se fasse au dessus des ouïes, pour l'esthétique de l'ensemble.
Supposant l'inversion de la fermeture, de la boucle et le sens de fermeture avec son retour, je lui propose de remettre en bon ordre tous ces éléments et paramètres, de faire les passants en cuir ( un prisonnier, l'autre libre ) en remplacement du seul en métal, de remplacer vis et rivets par des coutures. Avant de me donner le feu vert, il regarde sur sa documentation livresque, et là nous voyons que j'avais raison.


Les petits appareils manuels qui me servent toujours à couper sangles, ceinturons, etc...Pour la petite histoire, ils ne figurent plus à la vente sur les catalogues des plus grands fournisseurs et sembleraient introuvables à l'achat, mais peut être me trompe-je.




Je règle l'appareil à la bonne largeur, 30 mm.


Nous commençons la découpe. celle ci terminée, nous prenons conscience du premier problème, ce cuir très gras, se glisse et plisse pour de 30 mm passer d'une manière irrégulière jusqu'à 38 mm. déception, ce n'est pas grave mais il va falloir tracer et passer à une coupe manuelle au tranchet, lame tina, cutter etc...


La sangle est tracée en largeur au stylo argent.


En longueur.



Nous procédons à la coupe.



Les brides sont coupées.



premier encollage pour la tenue du cuir sur la bride de tenue vissée sur le capot, pour facilité le passage à l'emporte pièce et la couture. nous verrons que de même que la coupe ce ne sera, non pas difficile, mais pas aisé pour une couture régulière.



Tous ces travaux de collages, de préparations, sont toujours maintenus en place par ces petites pinces merveilleuses.


Le positionnement de la boucle sur la partie courte et basse, est tracé.






A l'emporte pièce de la bonne longueur et largeur, la découpe est faite pour le passage de l'ardillon et le positionnement de la boucle.






Le retour de la sangle est collé et maintenu.



Nous traçons les deux passants à la bonne largeur, pour les découper.



Il faut bien faire attention à prévoir le retour de la sangle pour l'épaisseur, le passant est tracé en longueur.



Percé à l'emporte pièce très fin pour facilité la couture, ( introuvable de nos jours ).



Nous le cousons à l'aiguille. Nous pourrions le faire à la machine, mais la solidité est bien différente avec une couture faite à la main.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2010/01/les-differentes-coutures-main-machine.html


Passage à l'emporte pièce également, pour tous les emplacements prévus pour la couture.



Le premier passant est glissé, il sera rendu prisonnier par une couture de chaque côté.



La finition de la partie longue est tracé et découpée avec toujours difficulté.


Passons à la protection en cuir du dessous. Obligation dans tous ces cas de faire un gabarit. Ils sont après chaque travail conservés. Avant tout, nous cherchons dans le " stock " si nous
trouvons un modèle qui corresponde, qui puisse être modifié ou nous aider, autrement nous le faisons en carton. Tous les gabarits sont faits généralement dans ce matériau, tracés par moitié, pliés en deux, tracés et découpés pour une parfaite symétrie, sinon c'est totalement imposible.



A l'aide du gabarit le cuir est tracé. On voit bien sur la photo, le pli au milieu.


Découpé avec difficulté pour un travail le plus parfait possible. IL n'existe qu'une manière pour faire des découpes parfaites symétriques, sans bavures, à l'emporte pièce.


Amici du côté chair, ce que normalement on ne doit toujours faire pour un parage de qualité, mais de façon obligatoire ici pour l'esthétique, alors que l' aminci sera visible, normalement caché et collé, mais heureusement en dessous.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2012/02/parer-refendre-amincir-biseauter-les.html

le retour de la bride en dessous, côté boucle est coupé à la bonne longeur pour la pose et la couture de la protection.



Aminci lui, c'est possible du bon côté. chair.



Protection et sangle, sont encollés.



Maintenue en place par les pinces en attendant le perçage et la couture.



La longeur du deuxième passant celui là libre, est tracée.


percé lui aussi.


Cousu à la main, à l'aiguille.


Le temps de séchage respecté, perçage à l'emporte pièce.


Prêt pour la couture sur une photocopie qui nous fait voir le bon sens de fermeture d'origine.



Cousu.


Une vue des deux sangles, le travail terminé.


Ne reste plus que les cinq trous à faire sur place pour l'endroit exacte avec la bonne tension fermée au troisième trous.



Le client contacté pour lui indiquer que son travail est terminé, nous allons sur place encore une fois pour la prise des mesures exacte.



Nous faisons à l'emporte pièce les trous pour le passage de l'ardillon. Sur tous les supports, ceintures, ceinturons, brides, sangles, etc... toujours cinq trous, le trou moyen pour le port ou le réglage optimum ,et deux trous avant et après pour d'autres réglages si nécessaire. Pour les ceintures, bons repas, ou cure d'amaigrissement. Quelquesfois plus rarement trois trous.


Le client décide en connaissance de cause, ici trois trous.


Malgrè les imperfections dues au cuir et la particularité de son tannage, nous espérons la satisfaction du client.



Notre principal préocupation.

Très amicalement,
Tictac le besogneux

3 commentaires:

  1. Bonjour et merci pour votre blog qui est très intéressant.
    Je suis tombé dessus par hasard..enfin presque.
    Après avoir récupéré mes bottines de chez mon cordonnier, j'ai remarqué qu'il y avait des coups sur mon talon en bois, que le cordonnier avait maladroitement mis la semelle sur la marque (donc invendable par la suite) et surtout que la couleur nétait pas uniforme sur toute la semelle...je me suis alors demandé..qu'est-ce qu'un bon cordonnier ?

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  2. bonjour,
    Qu'est ce qu'un bon cordonnier ,?
    mais aussi, Comment le reconnaitre ?
    Vaste programme !

    Un bon professionnel ne peut être déjà qu'un ouvrier qui à appris son métier. j'évoque le problème dans ce sujet :

    Qui peut ouvrir un atelier de cordonnerie.

    Ensuite l'éthique de la profession, les règles de la cordonneie ou de la botterie dans notre cas qui la régissent et l'imposent.

    Je vois trop sur forum site etc...des réparations, des fabrications décriées, vilipendées, alors qu'elles sont irréprochables, d'autres valorisées récompensées, alors qu'elles sont médiocres, mal exécutées.
    Qui peut reconnaitre un bon travail, parfois seulement un professionnel, il y a malheureusement plus de client que de connaisseurs.
    La satisfaction à la clientèle, le but " suprême " dépend quelquefois de goûts et de couleurs, de on m'a dit, il faut... incompatibles avec un travail parfait de qualité.
    Un bon professionnel doit en premier expliquer tous les tenants et aboutissants, les différentes manières de faire et d'envisager le travail, pour que la bonne exécution soit comprise et prime parfois sur les demandes, désirs ou attentes du client.

    Je l'ai déjà dit, très souvent de nouveaux clients arrivent parce que leur " petit cordonnier " est parti pour un long voyage ou pour sa retraite, vous disent espérer trouver chez vous un travail de qualité comme l'artisan qui les servait depuis si longtemps. Ils vous apportent alors quantité de chaussures avec les réparations antérieures faites.
    Vous êtes obligé de les avertir qu'ils seront peut être déçus, car le travail sera totalement différent.
    L'artisan qui les servait depuis des décennies les " assasinait depuis tout ce temps sans qu'ils s'en soient rendu compte.
    très amicalement.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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